Corentin Fohlen, loin des clichés de Haïti

Les cheveux qui font des boucles et le sourire en coin, Corentin Fohlen, photographe depuis toujours, a développé une vision critique du journaliste moderne. Un reportage sur les terres haïtiennes lui a ouvert les yeux et aujourd’hui, son monde ne tourne plus qu’autour de ce pays.

© Corentin Fohlen/ Divergence.

À la suite d’études dans l’illustration, Corentin se dirige vers la photographie. Ça représente pour lui, un moyen d’expression ‘’on raconte des histoires par des images, c’est une forme d’écriture’’. Pour le jeune homme d’une trentaine d’années, la photographie est une ‘’formidable d’excuse pour voyager, et rencontrer des gens’’.
Après avoir découvert l’univers de l’actualité en 2003, Corentin décide de devenir totalement indépendant en s’orientant vers le reportage. Un choix à risques quand on ne vit plus d’un salaire fixe mais le photographe est poussé par une envie de prendre le temps et de se retrouver seul, parce qu’en news ‘’On se retrouve souvent à 50 voir 100 journalistes au même endroit’’. Souvent c’est dû aux angles choisis par la presse, que les photographes reprennent ‘’le risque c’est de caricaturer la caricature’’. Le journalisme est alors vu comme une usine où ce n’est plus la qualité qui représente le but mais la quantité. La notion de rentabilité rentre en compte et ‘’on survole les sujets’’. Ainsi on arrive au « Journalistes tous pourris» une ‘’démagogie sans nom’’ pour le photographe.

Un effet boule de neige dont Corentin Fohlen décide de s’éloigner.

© Corentin Fohlen/ Divergence.

En 2010, Haïti se relève à lui.
Alors encore photographe d’actualité, il est envoyé sur place après le séisme pour parler des dégâts et conséquences sur le pays. Il y revient quelque temps plus tard, cette fois de sa propre intention dans le but de ‘’découvrir la complexité de la société haïtienne’’.
Contrairement aux idées que l’on se fait d’Haïti, Corentin a su voir dans ce pays une ‘’formidable vitalité, et énergie à produire de la richesse’’. Il apporte ainsi une vision différente, ce qui plaît aux Haïtiens qui en ont marre ‘’d’être pris comme des animaux de zoo’’. Ils ont conscience que l’image va les desservir une fois de plus »c’est insultant pour eux que l’on ne montre que de la misère’’.
Après 20 séjours dans ce pays, abouti un livre, « HAÏTI ». A travers les pages, le photographe casse les tabous d’un peuple vu comme pauvre, sans culture et qui ‘’tend la main’’. On y découvre par son travail les soirées branchées, le carnaval de Jacmel, la fashion week, les casinos et surtout le patrimoine artistique.

© Corentin Fohlen/Divergence

Un pays dont le photographe ne cesse d’apprendre.
Récemment revenu d’Haiti, Corentin a un nouveau projet en tête. Toujours dans cette démarche de montrer la richesse culturelle du pays, il fait poser poser les carnavaliers de Jacmel avec leur beaux costumes.
De quoi nous faire rêver ce pays, au masque bien différent que celui qu’on lui attribue.

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Livre « HAÏTI »

© Corentin Fohlen/ Divergence.

© Corentin Fohlen/ Divergence.

© Corentin Fohlen/ Divergence.

© Corentin Fohlen/ Divergence.