Au petit matin, quelques pêcheurs aguerris bravent le froid en espérant de bonnes prises.
Nous sommes au milieu du mois de février à Baïkalskoïe, petit village sibérien qui borde l’immense lac Baïkal. Comptant auparavant plus un millier de résidents, il ne reste aujourd’hui que quelques âmes pour habiter le lieu.
Dans le silence, les chiens traversent les rues à la recherche de nourriture, parfois d’un peu d’amour ; les maisons en bois font rempart au froid, quand elles ne sont pas délaissées. Elles semblent souffrir de cette solitude particulière que l’on retrouve ici – particulièrement envoûtante. Dans cette ambiance post-apocalyptique, le passé et le présent s’entrechoquent.
Les chevaux, bien qu’en liberté, restent figés dans la forêt, comme s’ils somnolaient debout en attendant la fin de l’hiver. Au centre du village, à côté d’un monument aux morts de la Grande Guerre Patriotique, l’église est l’un des seuls monuments encore en bon état. Les prières semblent l’avoir protégé des rudes conditions climatiques. Quelques personnes déambulent dans une langoureuse ivresse. On ne sait plus s’ils sont des vivants ou des survivants.
Sur la glace du beau Baïkal, des bateaux rouillent ; ils semblent s’être perdus en chemin.
Peut-être ont-ils eux aussi été envoûté par ce village où règne un délicieux air de fin du monde ?